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Expositions : Les Rencontres de Photographie d’Arles (3/07 au 24/09/2023) : Gregory CREWDSON
août 30, 2023

Comme chaque années depuis plus de 50 ans, les Rencontres de la Photographie d’Arles illuminent le paysage de la photographie actuelle ou passée. Et chaque année, les dizaines de milliers de spectateurs vont de  ravissements… en désillusions…. car on trouve des oeuvres très conceptuelles, d’autres plus documentaires, d’autres s’intéressant à la rue ou aux paysages ou à des questionnements personnels, un panorama très large de ce qu’est la diversité de la photographie..

Bref on ne peut pas tout aimer mais on est sûr d’aimer certaines choses… Sinon on serait vraiment ingrat car les Rencontres ont couronné le Gotha de la photographie mondiale (voir liste à la fin de cet article) tout en faisant découvrir des thèmes et des artistes passionnants.

 

Rappelons tout de suite qu’en raison des droits d’auteur il est quasiment impossible d’illustrer une présentation par des œuvres exposées. En effet il faut plus de 70 ans après le décès de l’artiste pour que les œuvres soient libres de droits. Sinon il faut passer par l’ADAGP ou contacter les représentants de l’artiste..  La Photographie est un art plutôt jeune et, de plus, pas mal de photographes semblent vivre vieux, très vieux!. Donc pour les illustrations il vous faudra aller sur Internet… ou bien dans vos propres clichés puisqu’il reste possible de photographier les oeuvres, dès lors qu’on ne les publie pas… Bref on a droit à des souvenirs mais pas au partage…

 

               Toute présentation d’une exposition est subjective. Et quand il y en a 45, avec un tel choix, la subjectivité règne en maitresse.

Donc voici ce qui a le plus retenu notre attention, mais aussi celle de nombreux spectateurs à en croire l’affluence dans certains lieux.

Trois séries de photos (datant de 2012 à 2022) de Gregory CREWDSON sont exposées à la Mécanique Générale, au coeur du Parc des Ateliers. Ce photographe américain , né en 1962 à New-York, enseignant depuis trente ans, creuse une véritable obsession à travers ses séries: celle de montrer les rues et les lieux d’une Amérique rurale et de banlieue « à la dérive ». Il avait débuté en 1988 par « Early Work »,  puis les séries se sont affirmées, complexifiées, améliorées faisant de cet artiste quelqu’un d’exceptionnel.

Aux Rencontres d’Arles, en plus de Fireflies (série en N&B à propos du ciel avec les lucioles,  clairement poétique, mais à l’écart du reste de l’oeuvre) deux séries en grand format sont proposées: « Cathedral of Pines » (2014)  et « An Eclipse of Moths » (2019) et la visite est réellement émouvante et fascinante, d’autant qu’il y a une forte homogénéité dans les œuvres proposées.

Mais qu’est ce qui fait l’originalité et la force de Gregory Crewdson ?

  • La maitrise technique. Il est assisté d’une équipe largement démesurée en photo, plus proche de celle qu’on trouve d’habitude sur les tournages de cinéma. Rien n’est laissé au hasard: chaque objet, chaque lieu, chaque lumière est « à sa place ». Le travail de repérage et d’organisation est long et énorme.Et cela procure une sorte de plénitude dans notre regard. Le temps de prise de vue ne compte pas, c’est la perfection qui prime. Ces scènes qui pourraient être « naturelles » sont en fait totalement artificielles, sans qu’on le ressente vraiment. Son sens de la composition est remarquable.
  • la quasi unité de lieu qui montre ces rues désolées, ces maisons décrépites, ses « ennuis » de vie et ces personnages, qui semblent échapper à la vie avec leur regard fixe et vide. Ils sont là, un peu n’importe où et sans raison apparente et sans passé expliqué.
  • Ses photos sont à la fois mystérieuses (on ne sait rien de « l’histoire » qui a conduit à cet instantané), pleines de rêverie mais aussi d’inquiétude voire d’angoisse.  On ressent une sorte de gêne en les observant et dans les souvenirs qu’on garde c’est presque un malaise qui persiste.
  • On a dit de lui que c’était l’Hopper de la photographie et la comparaison n’est pas fausse. Ces scènes de vie, sans vie, sans explication, figées avec des personnages dont on ne sait rien sauf leur ennui, leur « égarement », leur vide de vie, leur désenchantement évident, rappellent les tableaux du peintre.
  • Crewdson sait parfaitement montrer la vie des « petits » Américains, de ces villes qui se sont effondrées économiquement, socialement moralement et politiquement et de ces campagnes où plus grand chose ne reste d’humain. Une courte errance dans de nombreux États américains permet de concrétiser ce qui est une forte réalité qui d’ailleurs façonne les courants politiques aux USA.

Bref, ces expositions de Crewdson sont exceptionnelles si on sait plonger dans la scène et se laisser happer par ces ambiances. Et il faut espérer que ce passage en Arles permettra à l’artiste d’ouvrir plus largement le champ de ses admirateurs du grand public.

Si vous ne pouvez pas aller en Arles cette année ou si c’est trop tard….. ouvrez ce lien

et un espace de rêverie triste et souvent déprimante, mais fastueuse s’ouvrira à vous

Gregory Crewdson
Brief Encounters

a film by Ben Shapiro

Location: 3,99 $

Quelques noms  des photographes qui ont exposé aux Rencontres d’Arles depuis sa création en 1970… La liste est impressionnante de qualité!

Jean Dieuzaide, Denis Brihat, Lucien Clergue, Eugène Atget, Paul Strand, Brassaï, Ansel Adams,André Kertesz, Robert Doisneau, Hélène Théret, Man ray, Marc Riboud, Agence Magnum, Guy le Querrec, Frank Horvat, William Eggleston, Joël Meyerowitz, William Klein, Abbas, sarah Moon, Henri cartier-Bresson, Robert Frank, Bernard Plossu, Bruce Davidson, Robert Capa, Sebasiao Salgado, Dominqie Issermann, Raymond Depardon, Sergio Larrain, Don McCullin, Ernest Pignon-Ernest, Pierre et Gilles, Edward Steichen, Sophie Calle, Cindy Sherman, Walker Evans, Willy Ronis, Peter Lindbergh, Josef Koudelka, Gilles Caron, Richard Avedon, Harry Gruyaert, Hiroshi Sugimoto, Sabine Weiss et Gregory Crewdson.    Un vrai Gotha…

 

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