Henri-Edmond CROSS est relativement peu connu, en tout cas bien moins que Signac ou Seurat, qui composent avec lui le trio des néo-impressionnistes, faisant la jonction entre l’Impressionnisme et le Fauvisme de Matisse.
C’est dire tout l’intérêt de cette exposition dans ce Musée de Saint-Tropez si agréable, même à deux pas du bling-bling du tourisme à la fois jet-set et de masse, du moins si vous savez gérer ce déplacement !
Cross , qui change son nom de Delacroix… en Cross, en 1883 pour éviter une confusion, deux ans après être arrivé à Paris, à l’âge de 25 ans, rencontre en 1884 au salon des Indépendants ceux qui composeront le courant néo-impressionniste. C’est ensemble qu’ils développent deux ans plus tard la technique de la division des couleurs, qui sera leur marque artistique.En 1891, à 35 ans, il s’installe au Lavandou et se fait construire une maison à Saint-Clair, ébloui par la lumière et les couleurs méditerranéennes. L’année suivante, Signac s’installe à Saint-Tropez et leurs rencontres se multiplient chaque été, créant une amitié solide et une proximité artistique.
Dans les années qui suivent, il est davantage connu à Paris et en Allemagne et sa première exposition « solo » date de 1905. Mais il meurt à 54 ans seulement ce qui explique sans doute qu’il ait moins de notoriété à cette époque.
L’idée d’une double exposition dans ces lieux emblématiques pour le peintre est particulièrement intéressante et la partie tropézienne montre de plus l’évolution du style de l’artiste, au-delà du fondamental qu’est l’amour de la lumière et des couleurs de la Région.
Comme la quasi-totalité des artistes, Cross a évolué dans ses sujets et sa technique au long des années entre 1891 et 1910.
Les premiers tableaux dès son arrivée au Lavandou (souvent des marines) rayonnent de l’éblouissante intensité de la lumière aboutissant à une sorte de vibration colorée. A partir de 1895, les couleurs gagnent en intensité avec un traitement plus dynamique de la couleur (juxtaposition de traits de couleur pure posés en touches brèves).
Dans les dernières années de sa vie, il s’éloigne du motif pur pour créer une polychromie audacieuse qui exalte la nature. Dans cette même période, il multiplie les toiles de nues au cœur de la nature. Peut être sous l’influence de ses lectures de Frédéric Nietzsche. En tout cas en regardant ces toiles, la notion de « exaltation païenne du nu dans la nature » (citée dans le dossier de presse remarquablement bien fait et qui a largement servi d’inspiration pour cette présentation) n’est pas du tout usurpée
Voici donc deux expositions (Saint Tropez et le Lavandou dans la journée) à aller voir avant l’automne pour découvrir cet emballement des couleurs qui caractérisent le peintre.
